J'ajouterais volontiers cet exemple qui m'est familier à l'appui de ton idée que "'économie est influencée par les récits" : pendant des années, j'ai donné les chiffres (en kilocalories par personne) de notre consommation alimentaire excessive et de notre gaspillage alimentaire, en vain. En effet ces chiffres émeuvent moins mes lecteurs et auditeurs que ma récente découverte de ce qui a été documenté sous le vocable de "food narratives", à savoir … depuis 1970, une surproduction systémique de 30% à l'initiative des États-Unis, qui procédait d'une stratégie géopolitique d’influence et d’assistance aux pays dans le besoin. Une stratégie reprise rapidement par l'Europe et, à l'époque, l'URSS.
Merci pour cette belle réflexion éclairante. L'abandon des chiffres est courageux, pas sans risque parce qu'exigeant exige finalement une forme d'abandon du rationnel, mais peut-être en effet la seule façon efficace de susciter des adhésions profondes. Courageux, car faits et données sont souvent des remparts opposés aux idéologies négativités, sceptiques en tout genre, complotistes et autres colporteurs de "croyances". Abandonner le fact checking et le savoir pour recréer du récit, donc aussi une forme de croyance, c'est décider de se mettre sur le même terrain que les fabricants d'ignorance. Et sur ce terrain, les tenants du savoir sont bien plus maladroits que leurs contradicteurs depuis longtemps rompus à l'art de manipuler. Va falloir apprendre vite ! Mais oui, comme tu nous le prouves, c'est bien la seule voie.
Merci Quentin pour ce nouveau numéro d'À l'oeuvre ! J'y ai retrouvé des idées publiées récemment dans un post sur le rôle de la science (chiffrée !) pour les entreprises (https://alainvidal.substack.com/p/what-science-means-for-business).
J'ajouterais volontiers cet exemple qui m'est familier à l'appui de ton idée que "'économie est influencée par les récits" : pendant des années, j'ai donné les chiffres (en kilocalories par personne) de notre consommation alimentaire excessive et de notre gaspillage alimentaire, en vain. En effet ces chiffres émeuvent moins mes lecteurs et auditeurs que ma récente découverte de ce qui a été documenté sous le vocable de "food narratives", à savoir … depuis 1970, une surproduction systémique de 30% à l'initiative des États-Unis, qui procédait d'une stratégie géopolitique d’influence et d’assistance aux pays dans le besoin. Une stratégie reprise rapidement par l'Europe et, à l'époque, l'URSS.
Merci Alain pour l’éclairage et le partage de cet article. Promouvons et défendons ET la méthode scientifique ET la puissance des récits !
Une correction (soyons précis !): je voulais parler dans mon commentaire des "food regimes" théorisés en 1989 par Friedmann & McMichael (https://onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.1111/j.1467-9523.1989.tb00360.x)
Merci pour cette belle réflexion éclairante. L'abandon des chiffres est courageux, pas sans risque parce qu'exigeant exige finalement une forme d'abandon du rationnel, mais peut-être en effet la seule façon efficace de susciter des adhésions profondes. Courageux, car faits et données sont souvent des remparts opposés aux idéologies négativités, sceptiques en tout genre, complotistes et autres colporteurs de "croyances". Abandonner le fact checking et le savoir pour recréer du récit, donc aussi une forme de croyance, c'est décider de se mettre sur le même terrain que les fabricants d'ignorance. Et sur ce terrain, les tenants du savoir sont bien plus maladroits que leurs contradicteurs depuis longtemps rompus à l'art de manipuler. Va falloir apprendre vite ! Mais oui, comme tu nous le prouves, c'est bien la seule voie.