« Tu fais quoi dans la vie ? »
Faites votre Bilan 2024 en envisageant toutes vos sphères d’engagement aux enjeux de société
Bienvenue dans l’épisode #5 de la newsletter À L’ŒUVRE.
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Rappel : À L’ŒUVRE inspire, visibilise et équipe les citoyens qui veulent agir à leur niveau pour les défis sociétaux.
- A travers des témoignages de terrain, références conceptuelles et pistes d’actions concrètes.
- Dans les 4 premiers épisodes, nous avons parlé d’attractivité de l’écologie, des dilemmes de l’action à son niveau, de notre dépendance aux chiffres, et partagé 15 bonnes pratiques sur 5 secteurs économiques.
En cette fin d’année, c’est l’heure des bilan personnels qui fleurissent sur les newsletters et les réseaux sociaux.
On y parle souvent d’objectifs personnels et professionnels à travers des indicateurs chiffrés et des KPIs.
Je vous propose de le faire aujourd’hui à la sauce À L’ŒUVRE avec :
Une réflexion pour élargir la notion de travail à celle de contribution
Un format inédit pour faire votre “Bilan 2024” en envisageant toutes vos sphères d’action
Une invitation à rejoindre le cercle de béta-testeurs pour construire ensemble une nouvelle méthodologie pour comprendre l’impact individuel en lien avec les défis collectifs.
C’est parti !
La question piège !
"Tu fais quoi dans la vie ?"
Question qu’on a dû vous poser des centaines de fois.
Question qui souvent implique de parler boulot alors qu’on en a pas vraiment envie.
Question que j’ai toujours trouvé délicate. Je ne me simplifie pas la vie en ce moment avec une reconversion qui mêle des activités d’auteur / leader associatif / consultant indépendant. Mais c’était aussi le cas dans ma vie précédente plus normale.
Notamment parce qu’au fond, elle semble réduire notre identité à notre métier à un instant donné.
Le métier est important, mais nous sommes - et nous faisons - un peu plus que ça, non ?
Tu fais quoi dans la vie ? Vous avez dit pas simple ?
NB : la réflexion que je vous partage aujourd’hui germe depuis des années aux croisements de mes différentes sphères d’engagement :
- Dans les entreprises et auprès de dirigeants pendant 10 ans, questionnant le rôle des organisations et la notion de responsabilité.
- Dans des collectifs de salariés engagés pendant 8 ans, interrogeant le pouvoir d’agir à son niveau et dans son métier.
- Sur le terrain ces 2 dernières années, à travers des centaines de rencontres avec des citoyens ces derniers mois qui m’ont montré une diversité incroyable d’engagements
- A partir d’exemples plus personnels mais tout aussi fondateurs : aide aux proches, enjeux de la parentalité, crèches, etc.
- A travers de lectures sociologiques, psychologiques, philosophiques sur la notion de travail, les bénéfices de l’action, les questions de “faire société”.
J’espère que cela résonnera pour vous comme ça l’a fait pour moi !
Explorons 🏔️
La puissance inégalée du travail
Il y a peu d’activités qui sont aussi impactantes que le travail.
En volume. Avec 8 heures par jours, 200 jours par an, 40 ans dans la vie, à quoi consacrons-nous autant de temps ? (peut-être le sommeil ?). Le travail est un pilier, et souvent il organise aussi le reste de notre vie.
En “production”. Les agriculteurs cultivent plusieurs tonnes fruits ou légumes par an. Les designers conçoivent des objets qui peuvent être fabriqués par millions et infléchir largement les usages. Les décisions d’assureurs couvriront - ou pas - des millions de clients. Des artisans ou des ouvriers façonner de leurs mains de milliers d’objets. Les « livrables » du travail, même à l’échelle individuelle, ont une échelle bien plus grande que nous.
Gaël est producteur d’aïl en Occitanie. Ici il pose devant une partie de sa récolte qui sèche. Quand on voit la taille de la production, on se rend compte concrètement de l’échelle que le travail individuel produit.
Cela s’applique aussi au niveau collectif. Car quand on multiplie la somme des métiers individuels par le nombre que nous sommes, on comprend à quel point le volume de travail, des décisions, et une production dont les conséquences impactent largement nos modes de vie.
Tout est travail ?
Jean Marc Jancovici (célèbre vulgarisateur du climat) dit régulièrement que « Tout est pétrole » pour insister sur notre dépendance aux énergies fossiles dans tout ce que nous utilisons.
De la même manière, ne pourrait-on pas dire « Tout est travail » ?
Pourquoi ne le perçoit-on pas ?
Partons à la rencontre de Martin.
Martin est cadre commercial dans l’industrie, et je l’interviewe dans le cadre de mon exploration sur l’engagement au travail dans la catégorie Pas particulièrement engagé (comme il le dit).
Quand je lui demande comment il envisage sa contribution aux défis du monde par son travail, il me répond…
« Les implications écologiques de mon travail ? Je ne suis pas exemplaire, je viens en voiture au travail »
Cela me saisit, car la réponse concerne quelque chose qui est en dehors de son métier.
Alors que notre entretien se passe sur son lieu de travail.
Qu’il me parle d’exemplarité personnelle.
Alors qu’avant il m’évoquait bien les difficultés techniques à fabriquer des produits de manière plus respectueuse de l’environnement.
Il semble y avoir un ‘angle mort’, une difficulté à envisager la contribution in fine de nos métiers.
Est-ce psychologique ? Un réflexe de protection ? Une responsabilité managériales de ne pas donner cette sensibilité ?
En tout cas, il y a un sujet, car cette situation s’est répétée de nombreuses fois.
Autre exemple.
Celui de Gwenaëlle, responsable Ressources Humaines dans une entreprise publique.
Elle me confie son désarroi sur la prise de conscience de la finalité du travail dans l’entreprise :
« Nous sommes une entreprise publique dont la finalité est directe : nous apportons un service aux citoyens. Mais cette mission est très peu ressentie dans les équipes et nous avons de vrais problèmes de sens au travail ».
Aborder le travail dans ses finalités et pas seulement ses modalités ?
Est-ce parce qu’on ne parle pas assez de travail ?
Le travail est pourtant omniprésent dans le débat public. C’est l’un des sujets qui met réellement les français dans la rue. L’un de ceux qui fait la Une des journaux. L’un des rares que l’on ne peut associer à un camp politique. C’est un totem.
Mais réalisons comment on l’aborde ! Retraites, télétravail, éco-gestes, maintien de l’emploi, équilibre vie pro/perso, qualité de vie au travail, etc.
On aborde le travail majoritairement dans ses modalités.
Et pas dans la manière dont il sert les enjeux de société.
Et cela joue.
Car c’est bien connu : la manière dont on cadre un débat influe son contenu.
Peut-on se donner l’ambition folle de réfléchir à la fois aux modalités et aux finalités ?
Car il ne faut évidemment pas abandonner le champ d’action sur les modalités. Il est facteur de progrès individuel et sociétal depuis des siècles.
Mais, pour redéfinir un projet de société qui embarque les citoyens et les entreprises, envisager de nouveau le rôle émancipateur du travail, et pour anticiper les modalités à long-terme (cf transition écologique des métiers), ne devrait-on pas aussi envisager les finalités des métiers, des secteurs, de l’économie ?
Peut-on réconcilier l’engagement pour améliorer les conditions de travail… et la finalité de ce qui est produit ? (dans Les Temps modernes, des voitures, des objets de consommation, des boissons - tout un tas de secteurs à réinventer :) )
Trouver les finalités de son métier : quelques exemples ?
🥦 Agriculture : nourrir une population, si possible avec des aliments de qualité tout en assurant la pérennité des écosystèmes pour produire demain (vs. produire à tout prix en privilégiant le court-terme ?)
🚗 Automobile : Permettre à des personnes de se déplacer tout en optimisant le réseau de transport global et limitant les émissions (vs. produire des véhicules individuels lourds et onéreux ?)
💼 Assurance : protéger des personnes face aux aléas de la vie (vs. préserver un secteur d’activité très rentable ?)
👗 Produits de consommation : concevoir des produits qui ont une utilité et ne détruisent pas les ressources (vs. produire ce que le consommateur désire ?)
Etc.
Et pour vous ?
Le travail hors-métier, trop invisibilisé ?
En contrepoint, on semble aussi “invisibiliser” toute une batterie de contributions à la société qui ne sont pas du travail au sens de métier… mais sont du travail quand même.
Saviez-vous par exemple que :
30% des français s’engagent dans du bénévolat associatif ou dans d’autres structures (écoles, mairies, églises, clubs, voisinages). Ce tissu d’engagement est vital à notre pays, car il en assure des fonctions sociales, citoyennes, humanitaires, sportives, d’éducation, que l’Etat ne pourrait assumer.
10 millions d’aidants accompagnent des proches en difficulté. C’est une contribution qui prend soin de millions de personnes que les pouvoirs publics ne sauraient pas prendre en charge (on estime à 1 million le manque de professionels pour aider les personnes âgées à horizon 2050). C’est aussi un engagement intense : 1 aidant sur 3 disparaît avant l’aidé.
Elever des enfants ajoute 8 heures par jour : 3 heures de temps domestique, 3 heures de temps parental et 2 heures de tâches… même avec l’école et la crèche.
Les “tâches ménagères” ont été renommées en “travail domestique” par des mouvements féministes dans les années 70, une victoire pour montrer lac contribution sociétale à laquelle cela correspond.
A-t-on conscience de ces engagements ? Sont-ils assez visibilisés, dans leurs contributions et leurs difficultés ?
Ajoutons que nos métiers et nos réussites sont largement impactées par notre origine socio-économique, créant un différentiel d’engagement sur la ligne de départ pour atteindre les mêmes résultats.
Savoir considérer toutes les sphères d’actions, au delà de la réussite professionnelle et de son métier me semble clé.
Finalement, le vrai travail n’est-il pas un peu tout cela ? Et ne sommes-nous pas toutes et tous des Shiva ?
La question : où mettre notre énergie ?
Il y a de nombreuses définitions et conceptions du mot travail, dont de dédierai peut-être un jour une newsletter.
En attendant, j’aimerais pointer du doigt une définition particulièrement intéressante : la définition qu’en fait la physique.
En physique, le travail (W) d’une force est l’énergie nécessaire pour passer d’un état A à un état B.
Cette définition n’offre-t-elle pas une analogie pertinente pour penser nos actions dans un monde en transformation ? Quel est l’état A dans lequel nous sommes ? Quel est l’état B où nous voulons aller ?
Où mettons-nous notre énergie ? A quoi contribuons-nous ?
Explorons cela pour finir l’année.
Dépasser l’opposition binaire entre travail-contrainte et travail-émancipation ? Quelques pistes quand même.
On l’a vu, le débat public envisage largement le travail comme une contrainte dont il faut protéger les modalités.
Dans l’Histoire et la philosophie, le débat entre travail-contrainte et travail-émancipation n’est pas tranché.
🤛 D’un côté, une basse tâche à externaliser aux esclaves dans l’Antiquité, un châtiment dans la Genèse, une aliénation chez Karl Marx.
🤜 De l’autre, une condition de la liberté pour Hegel, un moyen pour l’autonomie pour Gandhi, une invitation à penser l’œuvre et l’action plus que le labeur chez Hannah Arendt.
🙌 Dans tous les cas, le fait que l’Histoire n’aie pas tranché est peut-être une invitation à ne pas choisir non plus.
Et se questionner plutôt sur les conditions qui créent soit de la contrainte, soit de l’émancipation ?
Alors, tu fais quoi dans la vie ? Fais ton Bilan 2024 À L’ŒUVRE.
Alors que l’année se termine, je vous invite à faire un bilan élargi de vos contributions, à travers toutes vos sphères d’action.
☝️Je suis en train de construire une approche méthodologique pour mieux visibiliser et valoriser les différents types de contribution aux défis des monde, et aider des citoyens à concilier leur impact, leur capacité d’agir, et leurs intentions. Vous pouvez rejoindre le cercle de béta-testeurs que j’ouvre à la rentrée ici.
D’ici là je vous propose un cadre simplifié avec quelques questions pour que vous puissiez faire votre “Bilan À L’ŒUVRE 2024”… et décidez ce à quoi vous voudriez contribuer l’année prochaine.
FAITES VOTRE BILAN 2024 À L’ŒUVRE : une première approche
💚 Votre intention :
A quel point est-ce important pour vous de contribuer aux enjeux “du monde” ?
Quels sujets ou causes vous touchent le plus ?
A quel point pensez-vous être en alignement avec cette intention ? Pourquoi ?
🦸♂️Vos sphères d’action
Votre métier :
Quel est votre métier et votre secteur d’activité ?
Arrivez-vous à en saisir les finalités sociétales (par votre activité directe - cf ci-dessus pour quelques exemples) ?
Avez-vous un engagement volontaire dans votre organisation au delà de votre métier ? De quelle manière ? Quelles actions avez-vous menées ?
Comment vivez-vous cela au quotidien ?
Votre engagement citoyen :
Vous engagez vous dans des initiatives bénévoles ou citoyennes ? (associations, clubs, structures d’éducation, projets locaux, politique) ? quel rôle y jouez-vous ?
Comment vivez-vous cet engagement ? (émancipant ou épuisant ?)
Vos pépites de vie et leur transmission :
Avez-vous des expériences ou des expertises de vie particulières (ancrage local, savoir-faire, sensibilité, expérience de vie - positive ou difficile, hobby ou passion) ?
Les partagez-vous à d’autres personnes ? A quelle échelle ?
Vos engagements personnels :
Êtes-vous aidant ou parent ? Quelle est la situation ? En quoi consiste votre aide ?
Comment cela impacte le reste de votre vie ? (Pouvez-vous vous faire aider ?)
Partagez-vous cette expérience, dans ses moments de joie ou ses difficultés (dans des structures ou auprès d’autres personnes ?)
Vos finances :
Investissez-vous dans des projets à impact ou donnez-vous de manière philanthropique ?
A quelle hauteur par rapport à vos revenus ?
🧱Vos responsabilités :
Comment qualifieriez-vous vous milieu socio-économique de provenance ? Et votre niveau actuel ?
Pensez-vous vous engager à la hauteur de vos moyens d’action ? Quel est votre rapport à la méritocratie ?
A quel point pensez-vous être exemplaire ? (Avez-vous fait votre bilan carbone ?)
💪 Votre forme :
D’où vient votre énergie, au global ? Comment le renforcer en 2025 ?
En quel état psychologique et physique avez-vous été cette année ?
Avez vus des difficultés ou des pathologies chroniques qui ont un impact sur votre vie ?
☸️ La synthèse
Reprenez ces réponses : essayez de 1) qualifier et quantifier les résultats 2024 quand c’est possible 2) saisir votre état d’esprit dans ces actions.
Prenez un temps de réflexion : quels ajustements pourriez-vous faire pour aligner vos actions sur vos capacités et vos priorités en 2025 ?
(Re-)notez 3 accomplissements majeurs de 2024 et 3 objectifs de contribution principaux pour 2025. On se voit dans quelques mois ?
Affinons la méthode d’impact ensemble en 2025 !
Ceci est une première approche pour vous aider à poser certaines questions. Je l’ai moi-même utilisée régulièrement, pour moi ou pour aider des personnes à s’orienter. On construit la suite ensemble ?
➡️ Partagez-moi vos retours à quentin@aloeuvre.com
➡️ Embarquez dans l’aventure en rejoignant le cercle de beta-testeurs pour structurer cette nouvelle de l’impact qui fait le lien entre action individuelle et défis collectifs !
Servez-vous en à Noël… et après !
Les fêtes vont amener leur lot de discussions de type « tu fais quoi dans la vie » .
Depuis plusieurs mois, ce cadre de pensée m’a permis d’avoir des conversations inédites avec des proches (ou des moins proches) sur des engagements et des préoccupations que je ne soupçonnais pas.
Peut-être que cela vous permettra d’apprendre des choses incroyables sur l’engagement militant de tante Roberte pour l’esperanto, le passé humanitaire de l’oncle Gilbert, l’incroyable aventure professionnelle de votre grand-père Lucien, ou que votre cousine Solène est une figure des luttes féministes !
Et j’ai au fond de moi le sentiment qu’on participera à notre niveau à rendre le monde un peu meilleur si on valorisait - et qu’on renforçait - la manière nous essayons toutes et tous d’agir à notre niveau.
C’est avec cela que j’aimerais vous laisser pour la fin de l’année.
Merci de faire partie de la communauté 🙏
Prenez soin de vous, des autres, et du monde.
On se revoit en 2025… pour œuvrer !
Quentin 🚴♂️🏔️🌍
Epilogue
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J’organise aussi des interventions et conférences sur les sujets évoqués par À L’ŒUVRE → Contactez-moi à quentin@aloeuvre.com
Pour aller plus loin
Voici certaines ressources qui m’ont permis de créer cette newsletter… et qui ont changé ma vision du monde :
Le rapport de Recherche et Solidarité sur l’engagement associatif en France
L’essai : Condition de l’Homme moderne, Hannah Arendt, ma découverte de l’année.
L’article du Monde sur les aidants lors de la soirée spéciale
L’étude sur la transformation des métiers en lien avec la transition écologique, de Les Nouveaux Géants, Les Collectifs, Makesense, Shift Project, Collège des Directeurs de Développement Durable
Le podcast : Zoom Zoom Zen sur France Inter sur la charge parentale